Marianne osait a peine bouger. Une horrible nausee montait de son
estomac surcharge par les sucreries, excellentes sans doute et d'une
grande finesse, mais qui rejoignaient tragiquement le copieux diner
qu'elle avait absorbe a l'ambassade, lui rappelant avec quelque
brutalite qu'elle etait enceinte de pres de quatre mois. Et la pauvre
ambassadrice occasionnelle souhaita desesperement disparaitre sous les
coussins du trone.
Et Marianne, jaillissant soudain du trone, traversa le salon comme un
eclair vert, bousculant les eunuques de garde, se jeta sous l'ombre
propice du premier cypres venu, heureusement situe tout pres de la
porte, et entreprit de restituer a la terre ceux de ses produits qui
l'incommodaient si peniblement. Cela dura un moment qui lui parut
interminable et au cours duquel elle fut incapable de penser a l'espece
de revolution que, tres certainement, son depart brusque avait causee.
Et quand elle se redressa enfin pour s'appuyer aux branches de l'arbre
secourable, elle se sentit inondee d'une sueur froide, mais la nausee se
retirait. Avec effort, elle aspira l'air parfume de la nuit, la
fraicheur qui montait des jets d'eau et se sentit soulagee. Les forces,
lentement, lui revenaient...